The Ghent Altarpiece. Research and Conservation of the Interior : The Lower Register
Depuis le début du XIXe siècle, des générations de chercheurs ont tenté de percer les secrets de la technique picturale des frères van Eyck et de discerner la contribution relative des deux frères dans l’exécution du retable de l’Agneau mystique. Une quête en réalité utopique, puisque tous les panneaux étaient largement recouverts de surpeints, dont certains, très étendus, remontaient au milieu du XVIe siècle !
L’Agneau mystique : une nouvelle quête
C’est la campagne de conservation-restauration menée par l’Institut royal du Patrimoine artistique depuis 2012 qui a révélé l’influence de cet état problématique sur l’apparence des peintures. Les restaurateurs ont dégagé la surface d’origine, laissant enfin réapparaître les extraordinaires nuances de l’œuvre des frères van Eyck…. Les paradigmes stylistiques et techniques du retable peuvent maintenant être complètement réévalués à la lumière de ces récentes découvertes.
Après le traitement des revers des volets (2012-2016), les restaurateurs se sont penchés sur le registre inférieur du retable ouvert (2016-2019) : le panneau central avec l’Adoration de l’Agneau mystique et les volets représentant les Chevaliers du Christ, les Ermites et les Pèlerins. Le traitement de la couche picturale de ces panneaux a été particulièrement complexe car ils présentent de nombreux changements de composition, voire des phases d’exécution successives réalisées par les frères Van Eyck et leur atelier. L’étude rigoureuse de ces étapes dans le cadre du traitement de conservation-restauration était absolument essentielle afin de distinguer les phases eyckiennes des interventions postérieures et assurer la sécurité du dégagement des surpeints.
Au cours du traitement, les restaurateurs ont effectué des examens techniques approfondis et se sont appuyés sur leur connaissance intime des peintures du retable, élaborée au fil de ce long projet, ainsi que sur des recherches effectuées par les laboratoires de l’IRPA, en collaboration avec les universités de Gand et d’Anvers et la National Gallery de Washington DC.
Un livre pour garder la mémoire et transmettre
Les données visuelles et analytiques exceptionnelles rassemblées au cours de la campagne de conservation illustrent les découvertes faites au cours du projet. Il est essentiel que les conservateurs-restaurateurs et les scientifiques qui les ont récoltées publient ce savoir de première main très rapidement. En effet, les subtiles et multiples facettes de cette connaissance unique sont exploitées à leur plein potentiel lorsque cette mémoire directe, issue de la pratique, est encore fraîche. Associé à l’analyse de matériaux en laboratoire et à une étude approfondie du contexte historique, le partage de ces découvertes permettra de transcender les perceptions savantes – et populaires – des réalisations d’Hubert et de Jan van Eyck.
Le livre est aussi l’occasion d’évaluer ces nouvelles données dans le contexte des connaissances les plus récentes sur la technique de Jan van Eyck, produites au cours de recherches menées à l’IRPA et à l’étranger.
Mise à jour : octobre 2021
Parution de l’ouvrage et présentation à la presse en octobre 2021.
Plus d’informations sur le site de l’Institut royal du Patrimoine artistique et sur le site de l’éditeur.